Le bilan


L’hivernage de PikouRous près de Göteborg (ou devrions-nous dire le double hivernage + l’été 2020 en plein soleil dans un champ), sous bâche, s’est très bien passé. Une petite semaine nous a permis de le remettre en œuvre.

Nous n’avons pas fait la croisière que nous souhaitions : la Norvège en début de période pour cause de COVID, et le Royaume-Uni tout l’été, pour cause de COVID + Brexit, nous étaient interdits. Nous n’avons pas fait de grande découverte, puisque nous avions déjà navigué dans ces contrées, mais avons pris plaisir à notre navigation, surtout dans sa première partie, et retiendrons en particulier les escales suivantes :

  • En Suède : Käringön, Gullholmen, Vasholmarna, Dannemark, Väderöarna, South Usholmen, Rörö (et le chenal de Sote Kanalen)
  • Au Danemark : Tunø, Æbelø, Ærøskøbing, Lyø
  • En Allemagne : Kiel / Düsternbrook et Büdeldorf/Rendsburg dans le canal de Kiel
  • Aux Pays-Bas : Terschelling (et le Waddenzee)
    Ensuite, notre désir était surtout de rentrer rapidement…
    Mais nous avons en 2021 pu ramener PikouRous à son port d’attache, contrairement à 2020.
    Nous avons parcouru 1350 nautiques en 64 jours et utilisé le moteur pendant 177h. Ce dernier chiffre est proportionnellement plus élevé que les autres années, et traduit bien la météo que nous avons rencontrée, avec de nombreuses journées sans vent, avec une atmosphère lourde et des dépressions orageuses avec des vents plus ou moins forts, et très instables, pendant lesquels nous restions à l’abri. En revanche, nous avons eu très peu de pluie, et des vents fréquemment du Nord-Est, qui nous étaient favorables.
    Sur le plan humain, nous avons fait des rencontres agréables, auxquelles nous espérons bien donner suite. Et notre association des voiliers RM nous a procuré soutien et contacts « comme d’habitude ».
    A partir du moment où nous avons été vaccinés, le COVID n’a pas présenté de difficulté dans les pays que nous avons traversés. Les mesures étaient sensiblement différentes en Suède et en Allemagne par exemple, et même différemment appliquées entre les marinas d’un même pays (ex : accès sans masque aux sanitaires à Kiel, avec masque aux sanitaires à Cuxhaven). Une preuve de vaccination nous a été demandée pour entrer dans un restaurant ou un musée dans certains pays, mais c’est souvent notre bonne foi qui nous servi car les documents français puis européens étaient peu lisibles par nos hôtes.
    Nous avons parfois été dérouté par des choses apparemment simples. Par exemple, au Danemark un office du tourisme est privé et a un but commercial. En Allemagne et aux Pays-Bas, il est toujours difficile de payer avec une carte bancaire (réputée entraîner des taxes supplémentaires pour un commerçant). Et nous sommes toujours mal à l’aise face à une machine qui remplit parfaitement le rôle qui lui est attribué (ex : encaisser le coût d’une nuit dans une marina) mais nous prive d’un contact humain. De façon générale, nous avons cru comprendre que le sens du service en Suède, en Belgique ou en France n’était pas celui des autres pays que nous avons traversés.
    Côté langue, nous avons été à l’aise en Suède puisque tout le monde y parle anglais. Au Danemark, c’est un peu plus difficile : les touristes sont essentiellement allemands, et l’allemand est bien plus souvent parlé que l’anglais. En Allemagne, c’est parfois carrément difficile car l’anglais n’est pas si couramment parlé. Au Pays-Bas, la situation anglais / allemand est plus partagée, mais nous avons aussi rencontré beaucoup de locuteurs avec lesquels nous avons pu échanger en français. En Belgique, nous avons rencontré moins de difficulté cette année à Zeebrugge et Bruges qu’à Niewpoort en 2018.
    Nous avons bien profité des animaux marins : phoques, dauphins, marsouins, avec lesquelles les rencontres étaient fréquentes et des oiseaux que nous avons pu approcher au plus près. Nous avons aussi rencontré BEAUCOUP de cargos. Et constaté que vivre en respectant la nature, le climat… ne se traduisait pas de la même façon dans chacun des pays visités…

Le tour du Finistère

Samedi 24 juillet 2021

A compter de dimanche, les vents tourneront Ouest : pas bon pour nous. Nous avons besoin de nous reposer, mais… Au matin nous nous décidons à mettre le cap sur Roscoff, un peu tard par rapport à la marée, mais la navigation est plaisante, même si le vent de Sud glisse peu à peu vers l’Ouest. Un brouillard épais nous entoure à l’arrivée, et un courant traversier rend notre amarrage sportif. Mais nous sommes en Finistère ! Et nous avons déjà rejoint Quimper à partir de Roscoff en bus. Le dilemme pour la suite est de choisir entre laisser le bateau à Roscoff, rentrer à Quimper en bus pour nous reposer et accueillir nos enfants ou petits-enfants ou bien poursuivre notre navigation, rapidement car le prochain coup de vent est annoncé et il faudra passer le Raz de Sein avant.

Sortie de la rivière de Tréguier
Arrivée à Roscoff

Dimanche 25 juillet 2021

Notre fils cadet nous rejoint pour la fin de la navigation : dilemme résolu, nous poursuivons à 3. Nous rejoignons donc l’Aber Wrach, avec un petit vent.

Lundi 26 juillet 2021

Nous repartons dans un brouillard épais : la direction du courant dans le chenal du Four ne nous permet pas d’attendre. La navigation se fait principalement au moteur, et nous emmène jusqu’à l’île de Sein. Nous n’y sommes évidemment pas seuls, et il nous faut mouiller à plusieurs reprises pour nous glisser correctement entre les voiliers déjà présents tout en laissant le chenal d’accès au port libre, et en évitant les algues qui ne permettent pas à l’ancre d’accrocher.

Départ de l’Aber Wrac’h
L’Aber Wrac’h dans le brouillard

Mardi 27 juillet 2021

Nous sommes donc en première ligne pour profiter du courant dans le raz de Sein, avec un départ à 7 h du matin. Nous sommes même récompensés par une dernière navigation superbe, au portant, entre spi asymétrique, génois tangonné, puis spi symétrique avec quelques belles pointes de vitesse. Nous apercevons quelques petits dauphins et un mola – mola.

A 15h20, PikouRous est amarré à Port-la-Forêt, au ponton visiteurs : il nous faudra attendre le 1° septembre avant de récupérer une place stable après 3 ans d’absence…

A pas de géants

Zeebrugge a constitué une escale « technique » pour nous : nous avons fait la vidange du moteur, changé les filtres à huile et à eau de mer (avec l’outil acheté à Scheveningen, c’était un jeu d’enfant) : il nous restera à changer le filtre d’eau de refroidissement, mais l’état du moteur est rassurant. Il faut dire que nous l’avons largement utilisé cette année… Nous avons aussi constaté les dégâts sur l’ordinateur de Danièle arrosé de ti punch : il ne démarre plus. Nous avons bien cherché à le faire dépanner, mais les ateliers existants sont loin des centre-villes, et dans les délais dont nous disposons, c’est trop difficile. Nous avons aussi pu faire un peu de tourisme : la plage de Zeebrugge par bon vent est plutôt triste… En revanche le train nous a emmené en moins de 20 minutes à Bruges, et là, nous nous sommes régalés. A la radio, nous entendons les annonces d’inondations mortelles en Allemagne et au Sud de la Belgique, mais bizarrement, sur la côte on n’observe que le vent, avec des rayons de soleil entre les nuages.

Le port de Zeebrugge

Jeudi 16 juillet 2021

Le coup de vent est passé et nous avons étudié les courants : c’est à 8h30 que nous quittons la marina de façon à nous présenter à l’étale à la sortie du port. Effectivement, la mer est moins agitée que lorsque nous sommes arrivés, mais pas calme pour autant : le vent est toujours du Nord, et bien établi (18 kt). Elle est moins agitée lorsque nous nous éloignons des jetées. La navigation le long de la côte belge est aussi monotone qu’à l’aller, en 2018 : banc de sable à droite, longue plage habillée occasionnellement d’une ville de bâtiments de bord de mer assemblés en longues barres à gauche. Seul point qui mérite « un peu » d’attention : la traversée de la passe de Zuydecotte qui nous permet de traverser un banc de sable pour nous présenter devant Dunkerque. Et un long corps noir semi-immergé, indiqué par une balise qui n’est pas sur nos cartes, en travers de notre route : pas une baleine ; une épave ? L’entrée dans l’avant-port de Dunkerque ne pose pas de difficulté et à 14h30, nous sommes amarrés.

Dunkerque

Les vents se maintiennent au Nord-Est : étonnant. Mais nous souhaitons en profiter, et nous décidons de rejoindre Boulogne sans tarder. Les conditions sont similaires à celles de la veille, avec un trafic de ferries vers / de l’Angleterre « un peu » plus intense. Nous sommes sous spi asymétrique lorsqu’il nous faut réduire la vitesse pour laisser passer un ferry qui sort de Calais : nous « freinons », et ma foi, il passe. Nous passons le cap Gris Nez, et le vent est toujours avec nous. Nous savons qu’il y aura ensuite quelques jours de calme plat ; nous décidons d’ignorer Boulogne, et de poursuivre vers Cherbourg et la Normandie. Le vent nous est favorable tout l’après-midi, et sympathique jusqu’à 2 heures du matin, très arrière et nous naviguons avec les voiles en ciseaux sous génois tangonné.

La ronde des ferries autour de Calais mais moins nombreux ??

Le vent décroit toujours petit à petit et la mer se calme. La nuit est tombée, un cargo long de 400 m erre à 4 nœuds, attendant son tour pour entrer au Havre ? A minuit, la lune éclaire en grand notre chemin, mais à 2h, elle a jauni, « orangé » : elle se couche. Le ciel reste plein d’étoiles. Nous devons ranger les voiles et lancer le moteur. A 11h30, nous croisons 3 grands dauphins ; l’un d’entre eux bat violemment la surface de la mer avec sa nageoire caudale : en chasse ? Puis ce sont des fous de Bassan que nous voyons pour la première fois cette année, et deux pétrels fulmar qui viennent passer sous le nez de PikouRous : nous rentrons à la maison ! En début d’après-midi, le courant se tourne contre nous : les derniers nautiques sont fastidieux. Notre vitesse sur le fond est descendue à 1,5 kt ! Mais à 18h00 samedi nous sommes à Cherbourg, contents de notre progression.

Nous sommes fatigués, et décidons d’un arrêt de plusieurs jours. Nous faisons appel à un motoriste qui nous change notre filtre décanteur ; nous trouvons un atelier d’informatique qui confirme la mort cérébrale de l’ordinateur de Danièle et exporte les données du disque interne sur un disque dur externe. Nous rencontrons deux équipages de RM, membres de notre association et organisons un troc : valves anti-retour de WC Jabsco (plus ravitaillées par la Grande-Bretagne) dont ils ont besoin contre apéro : soirée agréable ! Il fait chaud et nous n’avons pas vraiment envie de visiter… Et les prévisions météo nous soucient : le cycle calme plat – grosse chaleur – dépression orageuse avec vents instables reprend : d’évidence, nous ne naviguerons ni jeudi, ni vendredi car les vents seront trop erratiques pour nous. Et à partir de samedi ils seront de nouveau très faibles, et de secteur nettement moins favorable.

Quitter Cherbourg signifie passer le raz Blanchard qui a sinistre réputation. Le vent de Nord-Est est favorable à notre passage, ainsi que l’heure à laquelle nous devrions quitter Cherbourg pour profiter des courants : 7H30 / 8h00 mercredi. Mais quelle destination nous donner ? D’habitude, nous faisons halte dans une des îles anglo-normandes avant de poursuivre vers le Nord de la Bretagne : à mi-chemin des côtes bretonnes elles sont bien placées et fournissent une halte agréable. Mais il y a un mois, des plaisanciers français ont été mis en quarantaine à Guernesey dans des circonstances qui nous ont parues douteuses. Une étude via Internet des directives françaises ainsi que des autorités de Jersey et de Guernesey de nous encourage pas à y faire halte. Nous contactons un autre membre de l’association AVRM basé à Guernesey : il ne comprend pas plus que nous ce qu’il se passe, mais nous indique qu’il n’y a aucun bateau français à Guernesey. D’ailleurs, il faut chercher dans le port de Cherbourg qui accueillait majoritairement des navires britanniques jusqu’en 2019, pour trouver un pavillon anglais. Et nous n’avons pas croisé un seul navire de plaisance britannique depuis le début de notre navigation. En revanche, des navires des Pays-Bas, belges et même suédois sont présents à Cherbourg en grands nombres. La situation est pour le moins étrange, et pour nous incompréhensible.
Bref, nous ne pourrons pas faire escale aux îles anglo-normandes et la prochaine navigation sera longue. Notre point de chute pourrait être Bréhat / Lézardrieux : nous arriverions de nuit dans un secteur très fréquenté, avec des courants importants. Idem pour Tréguier, un peu plus loin mais avec une configuration un peu plus simple. A Trébeurden, nous n’arriverions qu’au petit matin, mais à une heure favorable pour entrer au port (qui n’ouvre que 3 heures autour de la marée haute).
Nous discutons avec nos voisins de pontons belges, confrontés à la même difficulté et moins familiers que nous des lieux. Et mardi soir, notre décision jaillit de façon inattendue : nous partirons le lendemain. Les courses ne sont pas faites, nous ne sommes pas reposés, nous ne savons pas où nous ferons escale, et nous n’avancerons qu’au moteur… Mais l’alternative est de rester coincés à Cherbourg encore plusieurs jours… Le cheval qui sent l’écurie, les compromis…
La navigation est conforme à « nos » prévisions : vent arrière trop léger pour nous propulser (nous avons tenté le spi symétrique sans grand succès), mer d’huile devenant peu agitée, raz Blanchard nous poussant (jusqu’à 4 nœuds), mais tout cela dans le calme le plus complet (hormis le ronronnement du moteur). L’AIS nous révèle que nous sommes au cœur d’une petite meute de bateaux de plaisance qui se dirigent vers le raz, étirés sur une dizaine de nautiques. Nous passons au large d’Aurigny, puis de Guernesey et de Serk et enfin de Jersey avec une certaine rancœur… La brume s’installe en milieu de journée, mais pas de façon gênante. La mer étant calme, nous identifions 5 marsouins (ou petits dauphins très pressés) le matin, et dans la soirée deux troupeaux (ou le même deux fois ?) qui cette fois viennent jouer avec le bateau, à l’Ouest des Roches Douvres.
Notre décision a muri avec les miles parcourus et nous nous dirigeons vers Tréguier. A 22h15, nous rejoignons le premier alignement qui permet d’entrer dans la rivière Jaudy. Le ciel est dégagé, le soleil pas tout-à-fait couché et la lune efficace. Le 2° alignement consiste à aligner un feu rouge et un feu jaune, et le dernier consiste à progresser en restant dans le secteur blanc d’un phare qui émet une lumière tricolore. Rien de compliqué, mais la nuit s’installe peu à peu et l’enjeu est d’éviter les écueils qui encombrent l’estuaire d’autant que nous ne sommes pas loin de la marée basse. Sans encombre nous rejoignons l’emplacement que le guide nautique nous suggère pour un mouillage.

Feux rouge et blanc alignés à l’entrée de la rivière de Tréguier

Au final, un exercice que nous n’avions pas pratiqué depuis 2 ans, bien agréable dans ces conditions idéales. A 23 h nous sommes mouillés et contents. La nuit est parfaitement calme, et le paysage au réveil surprenant et serein. La remontée du Jaudy le lendemain matin à marée basse est enchanteresse. Nous avons aussi de beaux paysages… Jeudi à midi nous sommes amarrés à Tréguier, prêts pour la grosse chaleur de l’après-midi et les 48 h de dépression à suivre !

Il y a Marina et Marina

Les prévisions météo étaient défaitistes ! Oui, nous avons bien eu 4 jours de calme plat, mais le 5° nous a procuré bon vent portant, et c’est ensuite un coup de vent qui s’est présenté.
Alors, le passage au large des Pays-Bas s’est fait beaucoup plus facilement qu’en 2009 et 2018. Le prix à payer : nous n’avons pas vu grand’chose du pays cette année, il faut choisir !

Samedi 10 juillet 2021

Nos deux premières navigations nous ont mené au moteur à Ijmuiden / Marina Sea Port et à Scheveningen le lendemain. Les conditions étaient semblables : pas de vent, mer d’huile, courant portant, soleil et vague brume : inintéressant, mais efficace et peu fatigant… Heureusement, nous avons croisé quelques phoques et marsouins.
Nous avions déjà fait escale à Ijmuiden, une fois sous la pluie, une fois dans le brouillard. Cette fois ci, il faisait beau, mais nous avons plus ressenti l’isolement de la marina / cette station balnéaire éloignée du port de pêche, du centre-ville… Nous n’avons jamais trouvé LE vélo que la marina pouvait mettre à notre disposition, et le bus ne s’est pas arrêté. La plage est immense, de même que la zone industrielle, le port de pêche, la zone de bunkers de la 2° guerre mondiale… Nous avons donc marché, le long d’une route de campagne émaillée de bâtiments industriels et commerciaux visiblement en fonctionnement, mais dans une atmosphère de négligence et de tristesse. La rouille y est même volontairement cultivée : œuvres d’art, poubelles… Un point réconfortant : une superbe poissonnerie près du port de pêche dans laquelle il nous a été très difficile de faire un choix tant les plats préparés nous ont fait saliver.

Dimanche 12 juillet 2021

Nous nous étions aussi arrêtés à Scheveningen en 2018, et en avions gardé un excellent souvenir. Et nous avons été très déçus : la capitainerie dirigeait ses actions vers un seul objectif : entasser environ 50 bateaux de passage dans un espace pouvant en accueillir confortablement 20, et… encaisser le prix des nuits ! Nous nous sommes retrouvés n°2 sur une ligne de 7 bateaux amarrés à couple entre deux pontons. Qu’importe que nous y restions 2 nuits, quand vers 8h00 un bateau a voulu partir, ce sont les 50 bateaux qui ont dû bouger. Pour pouvoir partir tôt le matin suivant sans réveiller tout le port, il nous a fallu changer 3 fois de place, et réveiller les 2 équipages qui étaient tout de même amarrés sur nous !
La notion de service était totalement absente : sanitaires non aérés, chauds et moites, sortie des piétons par une sortie unique permettant à la capitainerie de percevoir à coup sûr la dîme des plaisanciers, mais tournant le dos au centre-ville, aux magasins d’alimentation et de pièces de rechange, aux restaurants… Mais nous avons aussi trouvé un point réconfortant : un super shipchandler qui nous a vendu les 5 litres d’huile pour faire la vidange de notre moteur diésel, l’outil adapté pour desserrer le filtre d’eau de mer et 2 flacons d’un liquide magique qui permet de colmater les joints laissant l’eau de pluie s’infiltrer (Captain Tolley’s creeping crack cure). Nous cherchions ce dernier produit depuis un mois ou deux, mais il provient du Royaume-Uni, et était en rupture de stock dans nos escales précédentes cause Brexit…

Mardi 13 juillet 2021

Bref, sur ces dernières expériences, nous n’étions pas fâchés de nous rapprocher de la France. Et les conditions météo y étaient favorables : le vent favorable nous a permis de rejoindre la Belgique avec un navigation de 70 nautiques. Un peu de courant défavorable en début de matinée, de temps gris et « brouillasseux », mais ça s’est arrangé. Le passage au large du port de Rotterdam a été intense, mais nous nous y attendions. « De nous-même », nous avons laissé la priorité à Georgio, un tanker de 333 m de long et les autorités portuaires de la Maas (Meuse) nous ont dirigés ensuite pour laisser passer Fjordstraum , un petit tanker de 100 mètres. Le vent est ensuite monté, comme prévu, la mer s’est agitée et est devenue incohérente, mais nous n’avons quasi pas été malades ! Avec le courant favorable, les miles nautiques ont défilés, nous avons même fait une pointe sur l’eau à 9,4 nœuds (avant de prendre un ris !).
L’entrée à Zeebrugge a été rock & roll ! Bien sûr, les cargos étaient partout, et il était nécessaire de les suivre à l’AIS pour adapter notre route. Sauf qu’il y avait tant de plots AIS, que notre logiciel principal de navigation n’a pas suivi et a planté à plusieurs reprises. Et les cartes marines ont choisi ce moment pour se positionner à des endroit s différents selon l’échelle choisie (si, si, les cartes marines ont un pouvoir de décision qui leur est propre). A quelques encâblures de l’entrée du port, nous avons descendu la grand’ voile et fait un 360 ° pour laisser passer Lady Clara, cargo, dans une mer démontée. Notre guide nautique nous l’avait bien dit : la mer est souvent mauvaise à l’entrée du port, le courant peut y monter à 4 nœuds, les vagues rebondissent sur les énormes jetées : OK, on a bien vu ! Apparemment, les coefficients de marée importants n’arrangent rien. « Port control » nous a demandé de nous ranger bien à starboard pour laisser sortir un cargo : nous nous sommes exécutés, et la mer a fini par se calmer dans l’avant-port, mais pas tout de suite ! Il nous suffisait ensuite de trouver le cheminement qui évitait ports de commerce et de pêche pour nous pelotonner dans la marina BZYC (Bruge Zeil and Yachtclub). Très récente, super confortable, protégée, avec un maître de port présent et accueillant, et plutôt moins chère !
Et même si l’environnement n’est pas extrêmement sexy, nous nous y sentons bien et y attendrons volontiers le passage du coup de vent qui doit durer au moins jusqu’à vendredi matin. Il y a d’ailleurs Bruges à visiter tout près et nous avons de quoi nous occuper : entretien du moteur, et séchage ( ????) du PC de Danièle dont le clavier a été inondé par un verre d’apéro, et refuse de re-démarrer… D’où l’absence de photos pour illustrer ce blog…

Nota : toutes les puces vertes sont des tankers ou des cargos ! Capture d’écran de notre système de navigation (W4D) qui illustre bien la difficulté de navigation en Mer du Nord. Ici, le passage de Rotterdam avec les tankers en stationnement en pleine mer et qui attendent pour entrer, et un nid de cargos dans le port. Au milieu en rouge, c’est un RM 1050 en quête de solitude !!!
Un environnement pas très « sexy »
Bruges à 15 minutes en train de Zeebrugge est une ville attractive et animée.

Les îles de la Frise

De Cuxhaven à Texel

L’escale de Cuxhaven est pour nous indispensable car bien placée, avant ou après le canal de Kiel. Pas particulièrement agréable, mais avec de bons côtés. Y arrivant tard et fatigués, nous avons fait « comme d’habitude », et nous sommes amarrés à la marina de Hafen-Helfer. Nous aurions pourtant bien tenté le vieux port plus près du centre-ville, mais il n’est accessible qu’après l’ouverture d’un pont…
Nous y sommes restés 3 nuits, y avons récupéré quelques forces, bricolé (nos deux haut-parleurs extérieurs avaient rendu l’âme et certaines coutures du spi nécessitaient du ravaudage), fait les pleins, la lessive, et rencontré l’équipage du voilier suédois derrière lequel nous nous étions amarrés à Kiel. Leur projet comprend la visite de la France, et ils nous avaient approchés à Kiel : un apéro nous a permis de leur donner des informations.

Samedi 3 juillet 2021

Le diktat des courants de marée nous impose de quitter Cuxhaven à 9h30 pour sortir de l’Elbe : impeccable ! En revanche, nous ne savons pas bien quelle sera notre destination : l’île de Heligoland à quelques heures de navigation, Nordeney une île de la Frise allemande où nous pourrions arriver en fin de soirée ou Vlieland, une île de la Frise néerlandaise où nous arriverions dimanche. Nous avons un mauvais souvenir de Heligoland où nous nous sommes arrêtés il y a 11 ans. Et l’entrée dans les chenaux entre les îles de la Frise est réputée difficile. Mais les conditions sont « favorables » à cette entrée car le vent ne dépasse pas 10 nœuds et la mer reste calme. En contrepartie, la plus grande partie de notre navigation se fait avec toutes les voiles (du près au secteur plein arrière)… et le moteur !
La sortie de l’Elbe se fait sans encombre, avec un bon courant et entre les hauts fonds de la berge Ouset et les balises du chenal réservé aux « gros » bateaux. Rapidement, nous abandonnons l’idée d’une escale à Héligoland. A 18H30, et il temps de décider si nous prenons la passe de Nordeney : nous risquons d’y arriver de nuit, et souhaitons avancer : nous poursuivons vers les Pays-Bas. A 22h30, le vent atteint 15 nœuds, et nous pouvons couper le moteur, toujours sous GV et génois tangonné.

Dimanche 4 juillet 2021

La nuit est noire quand je prends mon quart : nous passons juste au Sud d’une implantation d’éoliennes et les lumières émises, surtout du rouge et du blanc) me semblent agressives et se réfléchissent un peu partout. Le temps de repérer sur ma droite le balisage de la côte (phares sur les îles, bouées d’entrée des chenaux…) me semble long. Le ruban pointillé des cargos qui passent un peu plus loin dur ma gauche est plus simple à décoder. Quelques lumières isolées sont expliquées par l’AIS : bateau de pêche, bateau de plaisance. Mais cette petite lumière qui semble plus ou moins immobile par rapport à nous ? Un voilier dans notre sens qui n’émet pas ?? Peu à peu la couverture nuageuse se déchire et la lune diffuse une lueur agréable. Le vent tombe : le moteur ronronne de nouveau. Mais la mer est d’huile.
A midi, toujours avec un petit vent nous commençons à voir sur l’AIS les mouvements de bateaux dans la passe d’entrée entre Terschelling et Vlieland. Nous croisons 2 phoques. ½ heure plus tard, un voilier que nous surveillions car nous naviguions de concert vire et nous coupe la route. Nous évitons la collision : nous ne sommes pas les seuls à n’avoir pas assez dormi ! Le chenal d’accès est particulièrement long, et nous n’arrivons à la hauteur de Vlieland que vers 14 h, malgré un courant favorable. Et finalement, nous décidons de continuer vers la marina de Terschelling qui semble moins pleine en ce début de saison (selon un site Internet) : encore 12 nautiques, en respectant les tours et détours imposés par le chenal, et en évitant un chenal décrit sur notre guide Imray (qui date un peu) et notre carte CMAP (qui date seulement un peu moins) comme impraticable, mais qui nous aurait permis de gagner une dizaine de nautiques.
A 16h10, nous sommes amarrés à Terschelling ! Mais une vedette du port vient nous dire, alors que nous avons parfait l’amarrage en vue du coup de vent prévu pour les deux jours à venir que cet emplacement n’est pas convenable. Cette fois, nous nous amarrons plus loin, sur un autre voilier qui nous fait bon accueil.
Ce sera une grande escale, du repos et une visite en règle de l’île : lorsque nous étions passés à Harlingen en 2018, tout le monde nous l’avait présentée comme une île de rêve, et nous avions vu le file de bateaux se faufilant à la queue-leu-leu dans les chenaux entre Harlingen et. Il nous était resté un petit regret !
Visite de la ville (l’île compte environ 5000 habitants l’hiver et mesure quelque 30 km de long), musée de l’Histoire locale avec par exemple le Hollandais volant et la Lutine qui a coulé avec son trésor dans la passe entre Vlieland et Terschelling, tour de l’île en vélo électrique, dunes et sable fin sur des dizaines de km le long de la côte Nord et, cerise sur le gâteau, une navigation de 3 heures sur le voilier Toekomst de type traditionnel en acier, 100 à 120 tonnes pour 1,35m de tirant d’eau avec dérives latérales, pour aller voir une colonie de phoques à la voile. Magnifique ! Même le coup de vent n’a pas gâché notre plaisir : des rafales jusqu’à 45 nœuds, mais nous étions bien abrités. Nos voisins étaient sympathiques, et un équipage franco-néerlandais nous a même invité sur son voilier traditionnel de location (acier, 17 m, 1,20 m de tirant d’eau). Côté logistique, les pleins de nourriture, gas-oil… ont été faciles et Danièle a même pu voir un kiné pour sa cheville !

Au pays des bouées

Nos discussions avec nos voisins, le maître du port et le bosco de Toekomst nous ont rassurés : en partant 3 heures avant la marée haute de Terschelling nous pourrons emprunter sans difficulté le chenal vers la passe de Den Helder : le point le plus haut est recouvert aux plus bas de la marée de 40 cm, et avec un marnage de 2,20 vendredi 9 juillet, nous aurons de la marge. Ils ont aussi corrigé ce que nous croyons savoir de la passe entre Vlieland et Terschelling : les bancs de sable ont bougé et la passe a une profondeur minimale de 2 m à marée basse maintenant, et depuis deux ou trois ans !

La côte nord de Terschelling

Vendredi 9 juillet 2021

C’est donc à 7h00 que nous quittons la marina de Terschelling. Le vent est nul, le temps beau et la mer calme. Nous rejoignons un petit convoi de bateaux de plaisance qui confirme que nous partons à l’heure ! A 7h40, nous avons franchi le premier banc de sable entre Vlieland et Terschelling (mais pourquoi ne l’avions-nous pas fait lors de notre arrivée !!!), et à 9h45 le point le plus haut du chenal, avec 2,60 m d’eau, à marée haute, comme prévu. Le courant était d’abord contre nous (comme prévu) et rapidement avec nous, et ceci jusqu’à Texel puisque le courant s’est inversé à marée haute (comme prévu).

Nous avons vu quelques phoques sur notre passage, une maison sur un radeau (oui, oui), une système d’extraction de gaz, un champ d’éoliennes immobiles et, toujours une mer à perte de vue, mais des bateaux se suivant à la file indienne dans des chenaux assez étroits qui serpentent entre les bancs de sable. Nous sommes donc arrivés à Texel / Oudeschild, marina Waddenhaven à 12h30 (plus tôt que prévu), tout fiers de nous !
Notre objectif maintenant, c’est de progresser vers la France, mais les prévisions météo ne sont pas encourageantes mais pas dangereuses : peu de vent dans les 10 jours à venir, et lorsqu’il sera un peu plus fort, le vent viendra d’Ouest (dans le nez)…

Navigation sur le Waddenzee. La profondeur minimum est de 40 cm. Un calcul de marée s’impose.
Terschelling : 53°21,9'N - 005°13,5'E. Belle marina bien encombrée en juillet. L’amarrage se fait le long des pontons et/ou à couple.
Texel / Oudeschild marina Waddenheven : 53°02,7'N - 004°51,5'E. magnifique marina au fond du port de commerce. Amarrage sur catway. Grand confort.

Entre Baltique et mer du Nord

Vendredi 02 juillet 2021

Le Canal de Kiel ou Nord OstSee Kanal

Le temps est toujours lourd, ensoleillé mais avec un vent faible. La mer est d’huile et nous permet d’apercevoir des marsouins, mais c’est notre moteur Volvo qui nous propulse vers la frontière allemande… L’entrée de la Schlei parait très large, mais comme partout dans cette région, les fonds sont hauts et le chenal balisé qui permet la navigation plutôt étroit. Et comme nous sommes samedi, fin juin, les départs en vacances des plaisanciers sont nombreux : c’est un peu la cohue !

Le port d’attache de Ralph et Ute, Modersitzki est près du village de Maasholm, sur la Schlei. Pas le port impersonnel, mais un petit port privé juste après le virage : nous nous sentons en pleine nature, et confortablement installés. Notre sieste est cependant écourtée : une petite explosion, un démarrage de la pompe du circuit d’eau douce nous éveillent en sursaut ?? Le temps de couper le disjoncteur et quelques litres d’eau se sont déversés dans les fonds du bateau. Daniel a vite cerné le problème, relaté pas d’autres navigateurs de notre association : le tuyau d’arrivée de l’eau chaude à l’évier est mort. Et l’expérience de nos prédécesseurs dans ce cas nous dit qu’il faudra un peu de travail, et le percement d’une cloison derrière l’évier pour y remédier car l’accès est difficile. Les magasins de Kappel, la ville voisine, seront fermés demain : il nous faudra nous arrêter près de la ville de Kiel pour trouver ce dont nous aurons besoin. En attendant, un bouchon bricolé avec une dame de nage qui ne servait pas depuis longtemps (si elle avait jamais été utilisée) nous permet de remettre en route le circuit d’eau froide… avec beaucoup de circonspection !

Cela ne nous empêche de profiter d’une visite guidée du village, et d’un repas de poisson succulent, sous un parasol et les pieds dans l’herbe. Toute cette zône est très touristique, et 90 % des maisons sont maintenant des résidences secondaires, mais cela n’empêche pas un certain cachet. Le tourisme est surtout allemand, et nous nous sentons un peu perdus face à une population qui parle peu anglais, à l’épicerie ou au restaurant (expliquer la nécessité de concevoir un repas sans gluten avec une serveuse qui y met un peu de mauvaise volonté se révèle impossible sans l’intervention de Ralph).

Maasholm Moderzitsky: 54°41,16'N - 9°59,26'E. Joli village sur la Schlei. Le port de Moderzitsky est privé mais on y trouve des places visiteurs entre les pieux.

Dimanche 27 juin 2021

Nous saluons donc nos amis qui reprennent leur travail lundi, et nous dirigeons vers Kiel. Toujours autant de monde sur le chenal de sortie, et vent tout juste suffisant pour nous déhâler vent arrière.

Village de vacance sur la Schlei !

Le spi asymétrique tient 1 heure et demi, puis moteur, puis le vent reprend pour nous permettre d’entrer dans le fjord de Kiel. Conformément à notre souvenir, de nombreux « gros » bateaux y naviguent, vers l’entrée du canal ou vers la ville (surtout les ferries), mais les bateaux de plaisance sont nettement moins nombreux qu’il y a 3 ans. Eh ! oui, nous avons bouclé notre boucle, et revenons sur nos pas à partir de Kiel. Sur les conseils de Ralph, nous rejoignons la marina de Düsternbrook, construite pour des jeux olympiques, à proximité du centre-ville. L’amarrage est mouvementé : en évitant la partie du port dite « des milliardaires »et réservée aux grosses unités nous nous trouvons face à des boxes étroits. Nous en choisissons un qui nous semble capable d’accueillir les formes de PikouRous : c’est une erreur ! Il doit manquer 15 cm pour le maître-baud puisse entrer… Avec le vent, l’espace étroit entre les pannes, et les conseils criés par les navigateurs alentour, Daniel doit s’appliquer. Nous sommes presque sortis du port, décontenancés, lorsque nous apercevons une place libre le long d’un petit morceau de ponton, devant un voilier suédois. Ouf !

Kiel Düsternbrook : 54°20,37'N - 10°9,46'E. Marina au centre de Kiel avec beaucoup d'animation. Le capitaine de port est aimable et efficace. Amarrage "alongside" sous la capitainerie après une tentative infructueuse entre des pieux. Avec un RM, aller plutôt dans le bassin réservé aux grands bateaux.

Lors de nos deux passages précédents en 2009 et 2018, nous nous étions arrêtés dans la marina de Laboe, plus éloignée de la ville. Mais Düsternbrook est très bien placé et l’entrée de la ville est chaleureuse, aérée et aménagée pour le loisir : marche, piste cyclable, accès à la baignade, restaurants… Sous la domination des chantiers navals de l’autre rive et des ferries énormes un peu plus près de la ville.

Lundi 28 juin 2021

La journée est consacré à la réparation de notre problème de plomberie. Heureusement, un vrai maître du port veille sur les installations (et pas une machine à encaisser les dûs). Il a vite fait de nous diriger vers le « Castorama » local, met des vélos à notre disposition pour parcourir les 2 fois 6 km qui nous en séparent, nous prête les outils nécessaires : scie électrique et perceuse en particulier. Nous sommes sauvés ! Et nous avons même le temps d’aller le long du fjord rejoindre le centre-ville pour quelques courses. Le retour en bus nous confirme la difficulté de communication : le conducteur ne parle pas anglais et surtout met une grande mauvaise volonté à nous indiquer ce que nous devons payer, comment payer… Heureusement, comme souvent dans ces cas-là, une autre usagère a pitié de nous, ou a honte de l’attitude de son compatriote et nous vient en aide.

Avec une robinetterie toute neuve (et innovante !) et une porte d’accès supplémentaire percée dans la cloison, nous sommes parés pour embouquer le canal de Kiel qui va nous mener en mer du Nord. C’est toujours un passage impressionnant car on y côtoie de très près d’immenses containers, mais nous en avons maintenant une « grande » expérience puisque c’est notre 3° passage. Lorsque nous quittons notre marina vers 8h30, il fait déjà trop chaud ; le temps est toujours à l’orage… Et toutes les indications que nous avons pour prendre les écluses se résument à : « attendez que le signal passe au blanc clignotant, taisez-vous, la priorité est aux cargos ». Nous pouvons comprendre, mais il y a la manière… Nous disposons bien d’un canal VHF, mais il ne s’y parle que allemand et les messages ne s’adressent qu’aux cargos. Il n’y a pas moyen de s’amarrer pour attendre : la seule solution est de tourner en rond dans une zone délimitée, et pas très large, et… d’attendre. Dans notre cas, d’attendre plus de 3 heures, tous moteurs tournant, dans la fumée des moteurs diesel et une constante attention. Heureusement, il n’y a pratiquement pas de vent ! Il faut dire que deux sur 4 des écluses (dont celle prévue pour les bateaux de plaisance) sont inutilisables… comme il y a 3 ans.

Bref, le signal blanc clignotant est une délivrance ! Le cargo hollandais Davna de 111 m de long et le tanker Bavly russe de 140 m sont amarrés l’un derrière l’autre sur le côté gauche de l’écluse. La dizaine de bateaux de plaisance s’amarre à droite en rang d’oignons. Les installations sont vétustes (elles l’étaient déjà en 2009) et inadaptées à la plaisance, voir dangereuses. Nous apprendrons à Cuxhaven qu’une plaisancière à failli tomber à l’eau entre deux des plaques de bois disjointes sur lesquelles nous devons nous amarrer. Et quant à nous, nous buttons chacun à notre tour sur les rivets rouillés qui émaillent ces plaques.

Heureusement, un responsable nous facilite l’amarrage, et pour lot de consolation nous devons nous satisfaire d’un passage gratuit, suite à un accident qui a coûté la vie à un plaisancier et au COVID…

La navigation sur le canal est très agréable, même si le temps se détériore peu à peu : à 14h, il fait presque nuit. Une pluie d’orage mat de l’ambiance, avec quelques éclairs.  Il nous semble que le traffic est moins important que lors de nos précédents passages, et nous sommes souvent seuls dans des environnements champêtres, au milieu des oiseaux. Sur la recommandation de Christian, du RM Cadences, nous nous arrêtons pour la nuit un peu à l’écart du canal principal, dans la marina de Büdelsdorf près de Rendsburg. Blottie, juste à proximité de chantiers navals dans un écrin de verdure, toute pimpante et accueillante, et dans une ambiance bon enfant, cette escale est vraiment un plaisir ! Et surtout quand la pluie cesse.

Rendsburg Buedelsdorfer Yachtclub : 54°18,64'N - 9°40,95'E. Calme et champêtre. Les visiteurs sont accueillis "alongside". Très jolie marina qui permet de passer une nuit loin des cargos qui croisent dans le canal.

Y rester pour nous reposer mercredi présenterait bien des avantages. Mais il nous faudra environ 7 heures de navigation pour rejoindre l’écluse de sortie, et les courants dans l’Elbe n’y seront favorables que dans la matinée ou assez tard le soir. Plus nous attendrons, plus cette heure sera tardive. De plus, nous savons maintenant que nous pourrions attendre plusieurs heures avant de passer l’écluse de sortie… Nous décidons donc de repartir dès le lendemain mercredi 30 juin. La navigation est toujours aussi calme et sereine, relevée de temps en temps par le passage d’un cargo.

Mercredi 30 juin 2021

A 14 heures, le vent se lève : zut, dans deux heures nous serons à l’écluse : il aurait pu attendre un peu ! Nous surveillons à l’AIS les entrées-sorties des bateaux dans les écluses. 3 écluses sont en état de fonctionnement (comme il y a 3 ans). Visiblement, les bateaux de plaisance sont dirigés vers la plus petite, avec des cargos de taille raisonnable. Quand nous arrivons à la hauteur de de l’écluse, nous sommes le seul bateau de plaisance et un éclusage a eu lieu moins d’une heure avant : nous craignons une attente longue, et décidons de nous amarrer puisque cela semble possible. En fait, notre attente n’aura pas duré une demi-heure, et dans la précipitation à l’apparition du fameux signal blanc clignotant, nous perdons un pare-battage… L’écluse ne contient qu’un autre voilier, danois, et Castor un cargo de 86 m. Les installations sont aussi vétustes et cette fois, il y a du vent, et personne pour nous aider. Mais cela se passe bien ! Nous sommes rapidement dans l’Elbe, si rapidement que le courant nous est encore défavorable ! Contre vent et courant (2 nœuds au début et nez dans le vent) sur une rivière quelque peu agitée, la transition est rude, et notre avancée pénible pendant deux heures ! Et la pluie s’invite. Mais tout est relatif : nous nous attendions à des conditions bien plus mauvaises. Tout s’est bien passé, même si nous sommes fatigués à notre arrivée à Cuxhaven à 21 heures.

L’écluse de sortie du canal de Liel
Cuxhaven : les balisse du chenal de l’Elbe version « hiver »
les balises « hivers » sont plus petites pour résister à la glace….
Cuxhaven Yachthaven : 53°52,46'N - 8°42,37'E. Grande marina avec des nombreuses places entre catways. Le centre ville est proche. Diesel. Restaurant sur le port. Accès très facile.

Little Belt (la petite ceinture)

Mardi 29 juin 2021

Little Belt désigne la région Sud-Ouest de l’île danoise de Fyn. Elle est considérée par les Danois et les Allemands comme la Riviera danoise, et propose, nous dit-on de très nombreux ports et mouillages dans de beaux cadres.

Dimanche 20 juin 2021

C’est sous l’orage que nous sommes amarrés au port de Middelfart. Il tient plutôt de la grande marina, mais est confortable et offre tous les services. Nous en profitons pour faire la lessive, les courses, les pleins… Nous méritons bien un barbecue ? Mais le temps que le charbon prenne, il se met à pleuvoir abondamment. Ce sera jambon, sur le bateau. Et, nous qui avons un peu de mal à faire partir le feu habituellement constaterons demain que tout le charbon de bois a brûlé, sous la pluie ! Lundi matin, nous sommes prêts à repartir, mais… il pleut, et nous sommes fatigués. Alors, nous restons nous occuper du bateau. La pluie ne cesse que vers 18h00…

Middlefart marina : 55°29,49'N - 9°43,61'E. Pratique mais sans charme.

Mardi 22 juin 2021

Nous sommes plein d’allégresse et contents de larguer les amarres vers un mouillage. Cap sur l’île de Lyø que tout le monde nous a recommandée. Il fait gris, mais il ne pleut pas, et vent et courant nous sont favorables : une belle navigation, vent portant et soutenu. A 15 h, nous avons mouillé devant Lyø. Nous avons ignoré le petit port voisin : le vent souffle encore à 20 nœuds et s’amarrer dans une « boîte » serait difficile. Et nous sommes toujours contents de mouiller. Certes, nous sommes un peu loin de la plage (il y a peu de fond), mais le vent va mollir et nous pourrons alors ramer puisque nous nous sommes séparés de notre moteur d’annexe… Sauf qu’il est tard quand les conditions deviennent favorables. Et lorsque nous pointons notre nez dehors, nous sommes hélés par le skipper d’un bateau mouillé près du nôtre. Le bateau a une ligne que nous connaissons bien : un RM 1200, avec drapeau allemand. Son propriétaire fait même partie de notre association ! Finalement, nous ramons : pas vers la plage mais vers Cadences, le RM 1200. Apéro, échange de suggestions et de coordonnées : une soirée agréable malgré le mauvais temps. Christian nous suggère d’aller demain au port que nous avons évité : l’île et son village sont superbes.

Le RM 1200 Cadences au mouillage à Lyø
Lyø mouillage : 55°3,59'N - 10°8,65'E. mouillage sur ancre ou sur bouée. une bonne alternative avant d'entrer dans le port.

Mercredi 23 juin 2021

Nous nous dirigeons vers le port : un mouchoir de poche ce port, avec une entrée grosse conne un chas d’aiguille. Daniel manœuvre prudemment, et nous trouvons notre place avec un peu d’aide !

Lyø : l’entrée du port

A part un bateau français (PikouRous) et 2 ou 3 bateaux danois, tous les pavillons sont allemands. Il est vrai que la frontière est toute proche, mais cela reste impressionnant. Le temps est toujours vaguement orageux, mais le soleil pointe son nez : la journée devient agréable, et l’île est à la hauteur de sa réputation, apaisante, agricole et vivante, pleine de restes d’Histoire et bien mise en valeur . Quelques pas dans le village nous incitent à louer des vélos, mais ils ne sont vraiment pas en état et nous les abandonnons pour poursuivre à pied.


Jeudi 24 juin 2021

Une autre île a fait l’unanimité des navigateurs que nous avons questionnés : Ærø. Nous la rallions sous spi asymétrique : le vent est modéré et nous prenons un grand plaisir qui nous a été refusé pendant 2 ans ! Un bruit de souffle nous fait lever le nez : un marsouin nous croise de près, puis deux autres. L’île est longue (30 km) et compte 3 ports à l’Histoire forte et encore présente : pêche, fabrication d’immenses voiliers qui ont commercé jusqu’en Amérique et en Afrique puis des premiers navires de commerce à moteur, formation de marins au long cours…

Le port d’Ærøskøbing est très agréable et la vieille ville a conservé tout son charme. Les bus sont gratuits sur l’île : nous en profitons pour visiter le port du Sud : Marstal. Son histoire se révèle dans son musée maritime, ainsi que le rôle des marins de l’île pendant la 2° guerre mondiale. Et plusieurs grands voiliers fabriqués et/ou rénovés ici y font aujourd’hui escale, plus pour transporter du fret, mais des passagers !

Ærøskøbing : les cabanes de plage

Nous resterions encore bien une journée sur cette île superbe, d’autant que le temps est toujours lourd et les vents fainéants. Mais nous avons été invités par Ralph et Ute, qui seront dans leur port d’attache samedi soir : nous décidons de les rejoindre demain.

Ærøskøbing : 54°53,64'N - 10°24,59'E. Très beau port avec des barbecues de 1ère classe et un super marché tout proche. La ville d'Ærøskøbing est magnifique. Une très belle escale.

Quelques souvenirs

Vers le « Lillebælt »

Un orage mémorable

Mardi 15 juin 2021

Un vent favorable mais capricieux, de 8 à 18 nœuds nous emmène à Samsø. L’île de Samsø comporte un petit port, mais nous sommes très bien au mouillage. Elle est très plate mais elle est longue et forme une sorte de lagon. Nous sommes à peine amarrés qu’un couple de navigateurs allemands passe en annexe pour rejoindre son bateau : un café à bord s’impose ! Une petite visite vers une plage voisine nous enjoint de rester un peu… Il y a bien des vélos à louer, mais personne pour le faire. Les prix sont affichés et une boîte prête à recevoir nos oboles : mercredi matin nous enfourchons nos bécanes pour un rayon de visite un peu plus large : calme, agriculture, eau omniprésente et achat de fraises et d’asperges contre obole dans une boîte. Nous connaissons maintenant !

Samsø
Samsø langø : 55°54,83'N - 10°38,82'E. Mouillage dans 4 m au NE du port. Vase molle. Dépaysant et calme. De belle balades en vélo.

Mercredi 16 juin 2021

Le vent sera de faible intensité dans les jours à venir, et nous décidons de limiter la longueur de nos déplacements. Nous nous dirigeons donc vers Aarhus, avec un vent portant qui s’écroule brutalement à 9 nautiques de l’arrivée. Aarhus est la 2° ville du Danemark, avec un port de plaisance très important et un port de commerce encore plus important. Notre arrivée nous secoue un peu : nous passons du grand calme à l’agitation la plus complète : des travaux à grande échelle sont en cours près du port, et à l’entrée même du port se bousculent des paddles, des kayaks, des voiliers de toutes sortes, y compris des voiliers légers qui sortent pour une compétition. L’un d’eux a même sorti son spi dans le port… en cocotte ! Et nous, nous essayons de trouver une place libre dans ce… brouhaha ? L’amarrage se fait dans des boxes (2 piliers à l’arrière et nez au ponton) et la largeur de PikouRous nous rend la quête plus difficile. Nous sommes à l’extrémité du port quand nous découvrons une place qui nous conviendrait, et… un petit carré vert indique qu’elle est disponible. Avec 8 nœuds de vent dans l’axe, notre manœuvre est parfaite ! Le port, au moins sur la rive Nord du fjord, est grouillant de vie jusqu’à 22 heures, mais parfaitement calme ensuite : ça nous va bien ! Côté service, c’est léger (et il faut encore se battre avec le téléphone pour payer), mais ce n’est pas cher.

Entre 2 poteaux

Sur l’autre rive, s’est installé un énorme chantier, et l’objectif est visiblement de plonger Aarhus dans les temps modernes. Le centre-ville n’est par ailleurs pas désagréable. Comme à Aalborg, l’office du tourisme est caché dans un édifice audacieux dédié aux Arts. Mais cette fois, il est ouvert et nous y recevons bon accueil. Et pour prendre le bus, ses conseils n’étaient pas de trop : 3 compagnies gèrent les lignes, les plans sont peu lisibles et il faut en passer par 3 moyens de paiement différents… La ville aussi rappelle Aalborg : les traditionnelles maisons de bois ont disparu au profit de maisons et bâtiments en briquette. Mais d’anciennes maisons ont été rassemblées en un village reconstitué faisant office de musée : plus petit que le Skansen de Stockholm, mais aussi agréable. Et le déjeuner à Food Street est un bon moment. Nous nous intéresserions bien aussi aux vikings qui ont fondé la ville, mais il fait décidément trop chaud : nous serons mieux en dehors de la ville ! L’équipage de StorHolm nous rejoint en soirée, et nous décidons de rallier de concert le petit port de Tunø. Seule vague inquiétude : le week-end, c’est un lieu de rassemblement pour de nombreux plaisanciers d’Aarhus, et nous n’y serons pas seuls…

Vendredi 18 juin 2021

Arhus : 56°9,96'N - 10°13,24'E. Port très encombré au centre ville. Amarrage entre 2 pôles. Poissonnerie sur les quais. La ville est intéressante et animée (Food Street - Gamle By).

La traversée est étrange, dans une atmosphère lourde, alliant soleil et brume, avec un vent nul et une mer absolument lisse. A 8h30, nous avons déjà trop chaud ! Consolation, nous voyons nos premiers marsouins (qui sont communs dans cette zone) et même un phoque qui nous croise sans nous regarder. Nous arrivons à Tunø avant 14 heures, et trouvons une place le long du ponton, sans difficulté. StorHolm doit cependant venir à couple sur PikouRous. Peu à peu, des bateaux se glissent dans tous les interstices libres du port. Une petite promenade nous permet d’acheter contre obole des légumes, de découvrir le vieux village, une petite forêt et une plage. Et surprise agréable : 2 musiciens donnent un concert de rock dans un bar extérieur. Très sympa. La soirée l’est aussi : nous rejoignons un lieu de barbecue collectif avec nos victuailles et notre charbon de bois, et engageons la conversation avec nos voisins danois : autre bon moment. En fin de soirée, ce sont deux autres bateaux qui sont à couple sur PikouRous, et ils n’ont pas jugé utile de porter des amarres à quai. Il y a donc maintenant une bonne quinzaine d’adultes et d’enfants et qui vont et viennent en passant par notre pont. Certes la nuit est calme, mais nous ne souhaitons pas rester dans ces conditions…

Tunø : 55°56,95'N - 10°27,23'E. Port très encombré mais île magnifique avec vente de légumes et fruits par les producteurs locaux. De belles balades dans l'île.

Samedi 19 juin 2021

Nous voilà donc repartis dès le petit matin : StorHolm a décidé de partir tôt, et nous poussons avec notre moteur les 2 autres bateaux en pivotant sur notre avant pour pouvoir nous glisser par l’arrière entre ces bateaux et le quai, en évitant le bateau qui s’est amarré travers arrière : ça marche ! L’atmosphère est toujours orageuse, et le vent poussif : tantôt au moteur, tantôt à la voile, nous rejoignons l’Est de l’île d’Æbelø et mouillons, bien protégé de la brise d’ouest qui s’est levée. Nous avons l’après-midi pour nous baigner et visiter cette île superbe, perchée sur une petite falaise et plantée de hêtres et de charmes majestueux qui rappellent que ces arbres ont été protégés car plantés sur un territoire de chasse. L’île est privée, mais un sentier permet d’en faire le tour. Le centre en est interdit car un couple d’aigles à queue blanche y niche ! Nous savons que le vent tournera en fin de nuit, et une bouée de mouillage se libère alors que nous préparions à mouiller plus près du rivage : nous ne tardons pas à la prendre…

Æbelø
Æbelø : 55°38,46'N - 10°11,59'E. Mouillage sur bouée à l'Est de l'île. Grands arbres qui protègent parfaitement de la brise d'ouest. Possibilité de baignade et de balades. A ne pas manquer !

Dimanche 20 juin 2021

C’est l’orage qui est annoncé. A priori en début d’après-midi. Nous espérons arriver au port de Middelfart (qui sera notre première étape dans la « Petite ceinture ») avant qu’il n’éclate. C’est donc à 7h00 que nous lâchons la bouée. Les deux premières heures sont plutôt agréables : vent portant et bonne température. Mais à 9h00 le ciel devient noir (et pas que le ciel) : nous rangeons la voile d’avant et réduisons la grand’voile à 2 ris. Nous mettons même les feux de navigation, ce qui nous permet de tester leur fonctionnement : les nuits sont courtes, et nous avons préféré dormir que de les tester. Et nous nous équipons. Atmosphère électrique, éclairs, le vent qui tourne et se lève violemment : impressionnant, même si ce n’est pas la première fois ! Nous coupons même l’alimentation électrique de notre ordinateur principal et de quelques autres équipements. Il est rare que la foudre touche un bateau, mais ce n’est pas exclu… Et puis la pluie noie PikouRous, jusqu’à créer un ruisselet dans le cockpit ! Au final, plus de stress que de difficulté. Nous entrons vers 10h00 dans le chenal dit étroit de La « Petite Ceinture » et la mer s’aplatit. Le vent s’est calmé, mais pas la pluie : difficile d’apprécier le paysage. Heureusement, nous avons encore vu un phoque et des marsouins, cela compense notre traversée d’une couverture de méduses. Tout redevient calme, et le voilier danois qui nous suivait depuis quelques heures nous approche et nous dépasse, tout en engageant la conversation : apparemment, nous avons été leur étoile sous les éléments !

Il est midi ; même pas peur !
On vient de ranger la toile au cas où…
Middelfart : 55°29,51'N - 9°43,59'E. Marina immense dont l'intérêt réside principalement sur les machines à laver et le Diesel. Magasin à 1,5 km. Pratique.

La faune

Premières impressions au Danemark

Entre barbecues et hauts fonds

Mardi 8 juin 2021

Nous avons choisi de visiter la « little belt » soit « petite ceinture » au Danemark, car tous nos contacts nous ont dit qu’elle procurait une navigation agréable, avec de nombreux mouillages. Mais pour l’atteindre, juste avant l’Allemagne, il nous faut longer la côte Est du Nord Jutland. Le paysage n’est pas désagréable, mais ne comporte pas d’archipel et peu de mouillages. En fait, la différence avec le paysage suédois que nous venons de quitter est surprenante : le pays est plat, et la mer qui le borde peu profonde. Le granit est oublié, vive les grandes plages de sable blanc. Les habitants semblent aussi très différents, alors qu’ils ont une Histoire commune qui a duré… Les maisons en briquettes et tuiles remplacent les maisons traditionnelles en bois. Nous manquons de repères durant ces premiers jours, mais rien que nous n’ayons vécu en arrivant en Finlande ou Estonie !
C’est le principe de la navigation : quand on se sent à l’aise à un endroit, c’est qu’il est temps de partir !
Le temps aussi a changé : à une période de Hautes pressions stable, et donc à de petits vents favorables à des navigations courtes de mouillage en mouillage, a succédé une période plus instable avec des jours très calmes et des coups de vent. Samedi 12 juin nous avons eu des rafales jusqu’à 45 nœuds de Nord-Ouest, et ce lundi 14 juin, c’est un bon coup de vent du Sud que nous avons choisi de laisser passer à l’abri. Le jeu consiste donc à choisir la direction et la force du vent qui nous seront le plus favorables.
La météo prévue pour le mardi 8 juin nous promettait de bonnes conditions. Elles n’ont pas été défavorables, mais notre « traversée » (40 miles nautiques) de Suède au Danemark a manqué un peu de peps : de la voile, mais aussi du moteur jusqu’à l’île de Laeso !!!! Danièle a même réussi à préparer son gâteau d’anniversaire en cours de route. Bon, parmi les systèmes électroniques que nous n’avions pas encore testés, il y avait la balance de cuisine. Elle a fait un caprice, et le dosage des ingrédients a beaucoup dû à l’habitude. La cuisson, a été conforme à celle des gâteaux des années précédentes : le four ne comporte qu’un rotacteur avec 2 positions indiquées : max et min. Sur la position max, le gâteau brûle et sur la position min, il ne cuit pas. Pas moyen de trouver un juste milieu. Après quelques interventions successives vers le min et le max, le gâteau finit « un peu plus » que doré, pour ne pas dire cramé. Mais il suffit d’enlever au couteau à pain une couche mince extérieure : il est excellent ! Et comme le seul restaurant ouvert sur le port à notre arrivée était à 50 m de notre bateau et proposait des langoustines, Danièle a pour une fois eu droit a un vrai dîner d’anniversaire…
Pendant la cuisson du gâteau, nous avions adapté notre vitesse afin de laisser passer nos deux premiers cargos de l’été qui étaient sur une route Nord-Sud, alors que nous allions plutôt de l’Est à l’Ouest. Nous avions aussi dû nous appliquer à éviter les nombreux casiers de marins-pêcheurs le long de la côte suédoise, et avons découvert un « vrai » port de pêche en arrivant au port Est de Laeso !!!! : nous avons définitivement rallié des eaux poissonneuses.
Tout se paie : pas de gaz pour le café de mercredi matin. La bouteille de propane suédoise est vide. Il faut donc changer le détenteur pour revenir au butane. Mais bien sûr, tout le système est grippé (dé-grippage avec du WD40, ça marche). Heureusement pour notre petit-déjeuner, nous avions emporté un mini camping gaz il y a 3 ans, pour la cas où… Il était bien rouillé mais nous a permis de boire un vrai café chaud avant de nous attaquer à la remise en œuvre du système de bord. Et finalement, nous nous en sortons bien : nos bouteilles butane de camping gaz sont couramment utilisées au Danemark (contrairement à la Suède). Après quelques démêlés avec des clés anglaises et du dégrippant, tout est rentré dans l’ordre. Nous revenons donc au Butane. Nous projetons donc de nous débarrasser de notre bouteille suédoise.
Au (problème ) suivant ! Nous avons bien tout ce qu’il faut pour naviguer sur notre système principal de bord : un logiciel, et des cartes de navigation pour le Danemark, et l’ensemble est compatible ! Mais l’écran de ce système reste dans le bateau. A l’extérieur, nous aimons utiliser un Ipad avec un autre logiciel ( iNnavX ) pour disposer d’une redondance. iNnavX a changé plusieurs fois de politique, et nous devons utiliser 2 tablettes.

Les cartes Navionics de la région vendues par iNnavX sont hors de prix et valables un an seulement. Nous optons pour un pack de cartes allemandes Delius Klasing en attendant de retrouver notre logiciel de navigation W4D mais qui malheureusement ne dispose pas de cartes du Danemark !!!!

Nous avons bien mérité de profiter des barbecues mis à notre disposition ! Et nous nous offrons même une visite vers le Sud de l’île en bus. Nous espérions aller voir de plus près des salines, mais il est encore tôt dans la saison… Des salines où le sel est récupéré sous forme d’eau de mer très salée dans des puits et évaporée par chauffage…

Vous avez dit « Barbecue » ?
Laeso : 57°19,24'N - 11°7,39'E. Joli port avec barbecues et restaurants.

Jeudi 10 juin 2021

Même type de prévisions météo que pour le 8, et même réalité : 52 nautiques un peu mous ! De plus, notre documentation nautique nous confirme ce que nous observons : un courant défavorable, du Sud vers le Nord, que nous mesurons jusqu’à plus d’1 nœud. Et il faudra faire avec, jusqu’au canal de Kiel… Nous avons choisi pour cette étape le port de Hals à l’entrée du Limfjord. La mer manque de profondeur au large, et de gros cargos fréquentent pénètrent dans le fjord. Nous empruntons donc un long chenal et croisons encore quelques cargos. J’utilise le mot fjord, parce qu’il correspond au vocabulaire local. Mais loin de ce qu’on a l’habitude d’imaginer lorsqu’on évoque un fjord norvégien, il s’agit ici d’une large rivière qui entre profondément dans des terres plates du Jutland.

Hals : 56°59,41'N - 10°18,42'E. Super barbecues au gaz, supermarchés et restaurants. Le Harbour Master est présent.

Le port est agréable, les barbecues sont même pour partie au gaz ! Il y a aussi un « maître du port » présent, qui est donc une source importante de renseignements. Car la plupart des ports nous mettent maintenant face à une machine pour régler le prix de notre emplacement. Pour savoir d’où part le bus ou qui loue des vélos, c’est moins facile ! Nous louons donc des vélos vendredi pour changer d’air, visiter le port de Hou et profiter des plages immenses.

Et nous allons en bus samedi bien plus haut sur le fjord pour visiter la capitale locale Aalborg, alors qu’une tempête souffle sous un ciel tout bleu. Là, des références nous manquent : par exemple, pourquoi un office du tourisme caché dans un bâtiment bizarre et fermé un samedi à 11 h ? La ville, hétéroclite, a du charme et nous y avons bien déjeuné !

Dimanche 13 juin

Nous profitons d’un bon vent de NW, portant, entre 15 et 20 nœuds, et qui se maintient sur l’ensemble de notre trajet : 42 nautiques vers le port de Grenaa ou Grenå.
L’approche est étrange, car tout en longeant le champ d’éoliennes d’Anholt long de 11 nautiques, nous apercevons d’étranges échelles / antennes de loin. Nous croyons comprendre qu’il s’agit d’un site de montage d’éoliennes ?? Mais le port a un côté familial, et un côté touristique pas encore lancé sympathiques. Et les hirondelles hantent les pontons. Plusieurs bateaux de passage ont privilégié l’amarrage le long d’un ponton, et l’ambiance y est bonne. Ça se gâte un peu lorsqu’arrive un voilier de 15 m de long, et nous l’apprendrons bientôt d’un tirant d’eau de 2,90 m : ses manœuvres bizarres, ses échouages à répétition, sa collision avec le bateau de la SNSM locale attire notre attention. En fait, l’entrée du port est mesurée sur la carte à 3,20 m, et le port plutôt moins. Avec une légère fuite de l’eau, il s’échoue. Et son équipage houspille les malheureux qui ont tenté de l’aider à s’amarrer…

Grenaa : 56°24,26'N - 10°55,58'E. Barbecues à 5 mètres du bateau. 3 m de profondeur !

Lundi 14 juin 2021

Le fort vent du Sud nous incite à prolonger notre escale : visite du marinarium (superbe), puis courses dans la petite ville de Grenaa, et apéro avec un plaisancier allemand qui pratique la navigation locale depuis plusieurs années et nous donne des informations pour la suite de notre périple : une journée agréable.
Demain, les conditions météo semblent favorables et nous devrions poursuivre notre chemin vers le Sud et nous approcher de la Little Belt.

Derniers jours en Suède

Vendredi 4 juin 2021

Cette période commence par une expérience commune et désagréable. S’occuper des WC à bord n’est jamais une partie de plaisir, et comme les nôtres fonctionnaient (certes, mal), nous nous sommes occupés de choses plus nobles. Mais aujourd’hui rien ne va plus, et Daniel décide au saut du lit qu’il est temps de prendre le problème à bras le corps. Une petite explosion nauséabonde plus tard, Danièle doit se lancer dans un grand nettoyage avant le petit déjeuner… Il apparaît qu’une souris aurait bien pu prendre ses aises dans la pompe ??? Mais les WC fonctionnent maintenant nettement mieux.
Côté navigation nous reprenons en sens inverse notre cheminement dans les archipels. Tantôt par les mêmes chenaux, mais souvent par des chemins différents. L’objectif est toujours de trouver des mouillages ou des ports agréables, et c’est une mission facile.

C’est à Sunna Holme que nous mouillons, nous sommes seuls et le site est d’une tranquillité absolue.

Sunna Holme : 58°0,37'N - 11°31,3'E. prof : 4 à 5 mètres, herbes et graviers, ouvert au sud

Samedi 5 juin 2021

Nous nous amarrons dans un port à la mode, fréquenté par les fêtards et les familles : Marstrand. Mais l’île, et la forteresse qui domine le port en valent la peine. Bon, c’est samedi soir, et lorsque nous venons de terminer notre amarrage, un jeune voisin vient nous dire gentiment qu’il attend 2 ou 3 bateaux de copains, et qu’il y aura sans doute du bruit : le temps d’aller au restaurant, nous déplaçons le bateau ! Et en fait, la nuit est tout aussi calme que la précédente : les restaurants et bars ferment tôt (COVID) et nos fêtards sont loin.
Dimanche, nous visitons tant bien que mal la ville. Il semble qu’il nous manque une référence culturelle : la ville est déserte jusqu’à 10 heures, puis l’activité devient intense, et entre 11 h et midi, alors que nous préparons notre déjeuner, le port se vide ?? Nous sommes visiblement à côté d’une matinée dominicale suédoise type…

Marstrand : 57°53'N - 11°35,2'E. Gästhamn. Peut être très encombré pendant la saison

Dimanche 6 juin 2021

Lessives et plein de gas-oil effectués, nous partons rejoindre un mouillage un peu plus au Sud, en passant par un chenal naturel étroit, magnifique. 20 minutes plus tard, le téléphone sonne : « Regardez sur votre gauche ! ». Nous apercevons effectivement un RM 10.50 au mouillage. Matts et Kerstin profite des dernières heures sur Ikigaï avant de reprendre leur travail. Ils chercher les émissions AIS de leurs amis alentours, quand ils ont vu apparaître PikouRous ! Certes, nous sommes tout près de Björlanda, le port d’attache d’Ikigaï où nous avions laissé PikouRous en juillet 2019. Et c’est aussi grâce à Matts que nous avions trouvé le chantier qui a hiverné notre bateau pendant 2 ans. C’est donc avec plaisir que nous venons à couple de Ikigaï pour échanger des nouvelles de l’association des voiliers RM et des informations personnelles !
Et sur leurs indications c’est vers le Nord que nous repartons pour 2 nautiques et un mouillage magnifique : de Kla (avec un rond) verön / Utkäften. Lumière dorée que les collines de granit, vaches sur une petite plage au Nord, oies bernaches au Sud…

Utkäften : 57°51,8'N - 11°35,4'E. prof : 4/5 m, vase, protégé de tous les vents. magnifique

Lundi 7 juin 2021

Lundi se lève plus triste : la météo ne prévoit toujours que des petits vents, mais avec un soleil moins présent. D’ailleurs, il crachine… Nous utilisons quand même le génois, à l’Est de la côte Est. Et par deux fois nous avons le plaisir d’observer des colonies de phoques.

Pour cette nuit, ce sera le port de Rörö, où nous sommes une demi-douzaine de bateaux de passage, à nous partager une armée de barbecues et de tables de pique-nique. L’histoire de l’île est intéressante et ses sentiers bien balisés. La plage est toute proche, et notre thermomètre annonce que la mer est à 18°. Mais, non : nous attendrons encore un peu pour nous baigner.
En fait, nous attendons un vent prévu un peu plus soutenu prévu pour mardi pour rejoindre l’île de Læsø…

Rörö : 57°46,3'N - 11°37'E. Gästhamn. Très bien protégé. Super marché sur le quai.

Quelques souvenirs de Suède

Vers le point Nord de notre navigation

Vendredi 28 mai 2021

Du fait que notre navigation sera cet été écourtée, nous avons décidé de profiter encore des archipels de la côte Ouest de la Suède avant de traverser vers le Danemark. Nous prenons donc une direction Nord. Vendredi se découvre grand bleu, sans vent : un petit déplacement et nous nous amarrons contre des rochers à Vasholmarna. L’endroit est superbe et nous profitons d’un moment magique sur l’île. Mais Danièle se fait une entorse à l’autre cheville, et un petit vent du Nord glacial change la donne. C’est toujours aussi beau et serein, mais nous avons moins envie d’en profiter !

Vasholmarna

Samedi est ensoleillé et frisquet. Au moteur puis sous génois, nous partons pour 5 heures de navigation, en empruntant des chenaux naturels puis le Sote Kanalen, artificiel mais toujours en eau salée. Ils sont étroits, bordés de granit qui rosit plus nous avançons, puis champêtres : magnifique ! Notre premier mouillage sur ancre se fait au Sud de Dannemark (à prononcer au cours d’une conversation en anglais comme en français, et pas comme le pays voisin car nos voisins suédois ne reconnaissent alors pas le nom de l’île…) : escale agréable sous le beau temps.

Saut de puce dimanche par petit temps et soleil. Nous avons vu tant de poissons agiter les eaux ou dans le bec d’oiseaux que Daniel s’est équipé d’une ligne à maquereaux… qui ne nous a pas porté chance cette fois-ci.

Nous nous dirigeons vers le mouillage de Gluppö. Nous avions mouillé au même endroit il y a 11 ans, et en pleine saison, avec ses petites plages de sable il était magnifique et surpeuplé. Il nous paraît large, serein, presque désert. Et cerise sur le gâteau, nous pouvons utiliser une des bouées de mouillage mises en place par un club suédois, le SXK, pour ses membres. Côté poissons et coquillages, rien à voir avec la côte Est et la mer baltique : ici, il y a de la vie. Peut-être trop, nous disent des plaisanciers qui nous font remarquer une invasion d’huitres énormes (japonaises ?) et de moules. C’est l’été !

Lundi 31 mai 2021

Lundi, nous rejoignons un port naturel bien protégé de Väderöarna (crique étroite dans laquelle les bateaux s’amarrent le long des parois rocheuses depuis le Moyen-âge) transformé en mini-marina, avec hôtel-restaurant qui ouvre demain, eau déssalinisée. Le lieu en cette période est idyllique. 5 ou 6 bateaux y passeront les 2 nuits qui viennent, et les autres touristes ne commenceront à arriver que mardi. Les photos du port en pleine saison, avec 3 ou 4 fois plus de navires de plaisance nous font un peu peur. Une journée ne nous suffit pas à découvrir l’île (Danièle chemine a une vitesse d’escargot) et les oiseaux (sternes, oies, guillemots, grèbes… ) sont si nombreux et ne demandent qu’à être photographiés ! Il faut dire que cet archipel de Väderöarna est loin des côtes de la terre ferme suédoises, que l’ensemble est un parc naturel, et qu’on y trouve même LA seule forêt de la région (de la taille de 3 jardins au creux de rocs de granit rose pelés). Nous resterions bien une deuxième nuit, mais nos coffres sont vides : les dernières courses remontent à une semaine. L’ouverture du restaurant de l’île est providentielle, et un dîner diététique saucisson au poivre – chips nous permet de finir la journée ! Mais mercredi, c’est promis, nous partirons à temps… D’autant que nous avons atteint le point le plus Nord de notre navigation de cette année : nous mettrons le cap sur la Bretagne. Mais en flânant !


Sur le ponton, ça discute. Tel ce navigateur suédois qui nous explique que la nuit précédente il était au mouillage, avec une couverture téléphonique insuffisante. Il est donc monté au sommet de l’île (suédoise) et y a capté un réseau… norvégien. Il a dans l’instant reçu un SMS des autorités norvégiennes lui rappelant que s’il ne suivait pas les règlements COVID en vigueur en Norvège, il ferait l’objet d’une amende. Outre les échanges d’ordre politiques qui s’instaurent, nous nous confortons dans notre décision d’adaptation de notre navigation. D’autant que France Inter nous a aussi informé des nouvelles normes britanniques et françaises en matière de COVID suite à la propagation du variant indien en Grande Bretagne : 25 jours de confinement (entrée en GB, entrée en France), tests, et paiement à notre charge de 10 nuits d’hôtel en GB.
Les fonds dans le port varient entre 1,5 m et 3 m. Comme nous sommes arrivés les premiers, nous nous sommes mis à l’aise sur des fonds de 3 m (à l’avant du bateau). Mais, comme nous l’avons déjà vécu, des hautes pressions associées à des vents soutenus peuvent faire fuir l’eau de la mer. C’est le cas dans la nuit de lundi à mardi : nous avons perdu 80 cm d’eau, et sans heurt, PikouRous s’est posé sur son safran. Pas question de partir ! Nous consultons les prévisions des services météorologiques suédois : la mer aura retrouvé son niveau vers midi, ouf !

Mercredi 02 juin 2021

Dès 10 h, PikouRous flotte. Il n’y a qu’à partir. Mais un vent de 15 à 20 nœuds nous colle contre le ponton. Entre l’étroitesse des lieux et les autres bateaux à éviter, les conditions du départ sont tendues. Heureusement une bonne ambiance règne sur le port : Daniel a déjà aidé un bateau à partir et lorsque nous manifestons notre désir de larguer les amarres à notre tour, de l’aide nous est proposée. Et il en faut ! Un quart d’heure de halage, ré-agencement de deux autres bateaux est nécessaire, mais nous pouvons partir pour notre supermarché !
La navigation est un peu musclée, mais nous permet de retrouver des sensations enfouies depuis 2 ans. Deux petites erreurs de manipulation vite corrigées, et sous 1 ris et trinquette nous filons sous le soleil : génial. Nous passons au large de Soteskär où une colonie de phoques se prélasse. Un vol d’une cinquantaine d’oies au ras de l’eau passe sous les moustaches de PikouRous.
A 13h15, nous nous amarrons à Kungshamn, bien à l’abri du vent d’Est et à 50 m de l’ICA (supermarché local). Mais que pourrions demander de plus ?

Kungshamn

Jeudi 03 juin 2021

La nuit a été calme, mais le vent s’est relevé jeudi 3 juin au matin : 2 ris et trinquette nous permettent de cheminer à l’aise dans les chenaux vers le Sud. Daniel détecte une autre colonie de phoques à l’odeur ! Et le temps est toujours agréable. Nous voilà sur une bouée du SXK à South Usholmen dans un joli mouillage.

South Usholmen

Débuts prudents

le 25 mai 2021 : départ de Stenungsund

A Stenungsund, Danièle s’est fait une entorse en descendant du bateau. Rien de grave mais son agilité en prend un coup. Le temps est maussade : nous commençons par de courtes navigations, et passons nos 3 premières nuits dans des ports, Björholmen, Käringön et Gullholmen.

La saison a à peine commencé ici, et avec le mauvais temps, tout ou presque est fermé. Nous apprécions donc la tranquillité dans des lieux très confortables. Nous visitons successivement, et, en faisant route vers le Nord. Ce sont à l’origine 3 ports de pêche (la pêche s’y pratique encore un peu), adaptés plus ou moins fortement au tourisme. Les installations portuaires de Björholmen sont récentes, superbes et confortables (et désertes) mais le tournant touristique est un peu trop visible à notre goût. Et nous n’avons pas trouvé les pièces de 10 kr nécessaires pour prendre une douche !

Le port de Käringön a, au contraire, su garder son authenticité et sa chaleur (au figuré), mais les installations sont un peu désuètes et l’automate qui aurait dû nous permettre de payer notre nuit était HS. Après une longue bataille, nous avons réussi à faire tourner lave-linge et sèche-linge en payant par une application téléphonique. Et un voisin de ponton nous a donné quelques conseils de navigation locale contre une bière : toujours intéressant !

A Gullholmen, l’île historique est magnifique même si de nombreuses maisons de pêcheurs sont maintenant des résidences secondaires, et plus habitée. Les installations portuaires sont simples, mais nous trouvons une place confortable en cette période. Nous avons même su y payer notre dû, prendre une douche et faire des courses ! Les 3 lieux nous ont permis des ballades courtes et sympas… entre deux averses.

Nos compagnons à Björholmen étaient surtout des oies, à Käringön des sternes et à Gullholmen… des Suédois !

Questions navigation, nous avons retrouvé les paysages qui nous font rêver : des passages larges, des chenaux très étroits ; des côtes qui voient se succéder des villes, des bourgades, et des ilôts désertiques.
Nos deux premières nuits nous ont permis de constater que le bateau était étanche à la pluie : bonne nouvelle ! En revanche, la sonde de vitesse a refusé de fonctionner (alors que son comportement avait été rassurant au chantier…). La journée de mardi est donc consacrée au bricolage, à l’abri du vent et de la pluie. Nous essayons les voiles : tout va bien en rectifiant le passage de la drisse de grand-voile et en mettant en place le frein de bôme, oublié…
La météo nous annonce 2 semaines de beau temps. Devons-nous la croire ?

Käringön

Ré-armement

26 mai 2021

A l’été 2020, la pandémie COVID nous était complètement étrangère, créant des conditions incertaines, et nous avons évité les voyages internationaux, même au sein de l’Europe, comme recommandé, PikouRous est donc resté en Suède, nous sommes restés en France. Et tout un été sans lui… ça a été long !
Mais on s’habitue à tout, et nous avons l’impression de mieux connaître la maladie : avec un vaccin, nous avons décidé de partir tenter de rapatrier notre bateau. Notre projet de retour via la Norvège et le Royaume-Uni à commencer par les Shetlands est abandonné : la Norvège tarde à ouvrir ses portes aux visiteurs étrangers, quant au Royaume-Uni, en plus de la pandémie, il doit gérer le Brexit, et les règles applicables à la navigation de plaisance nous semblent bien floues. Retour prévu, donc, par le Danemark, l’Allemagne et le canal de Kiel, les Pays-Bas… Jusqu’au 1° mai les portes du Danemark étaient bien fermées, mais un vaccin suffit maintenant. Pour la Suède, il faut passer par un test COVID : moyennant ce léger désagrément nous pouvons embarquer : ce fut fait le lundi 17 mai sans encombre aucun, et même plus confortablement qu’à l’accoutumée !
Une nuit à Göteborg et nous voilà un peu au Nord, à Stenungsund au chantier qui a hiverné PikouRous. Le bateau devrait être révisé et à l’eau, mais le chef de chantier est à l’hôpital, et le bateau est toujours posé dans un champ… Il est en bon état : l’enveloppe thermoformée l’a bien protégé. Les deux coffres arrière sont cependant largement humides et moisis.
Mais à 16 h, le bateau est à l’eau, et nous pouvons commencer son ré-équipement, et y dormir le soir même. 17 sacs ont passé près de 2 ans sous le hangar du chantier. Et quand je dis « sacs », nos deux matelas en remplissent un… Il nous faut quelques jours pour tout faire rentrer dans le bateau. Ce qui est compatible avec les travaux d’entretien à mener : anti-fuelling et nouvelle anode d’hélice, nouvelle batterie moteur, nouveau chargeur de quai, étanchéité du hublot sous la bôme, etc. Nous jetons notre moteur d’annexe, en trop mauvais état… et la remplacerons à l’occasion car les Suédois n’utilisant que peu les annexes ne vendent les moteurs que sur commande.

Nos compagnons de pontons pendant cette semaine de travaux sont les Eiders et le robot Golgorak (voir photos).
La dernière intervention du chantier est réalisée lundi 24. Et la météo annonce des trombes d’eau mardi et mercredi : nous quittons Stenungsund et le chantier lundi après-midi pour profiter de conditions clémentes.